Vendredi 16.08-02-Jour 12… suite
De temps en temps des personnels (autochtones) passent, soit avec un balai, soit avec une tasse d’eau pour arroser un reste de feu dans un mouvement paresseux. Dur dur d’être speek ici.
Derrière notre camp s’est installé un autre convoi qui fait le safari en sens inverse, mais les voyageurs sont actuellement au Moremi Park. Un guide attend que son truck (tout neuf) soit fin prêt pour aller accueillir les candidats au safari.
C’est un jeune homme, il vient me tenir la conversation, me montre les photos de son précédent safari, nous échangeons nos impressions sur ce que nous avons respectivement traversé. Comme la conversation se fait en anglais, ça me prend du temps, mais nous nous comprenons.
Notre camp est installé sous les arbres, mais cette fois nous avons amarré sérieusement, car il reste le souvenir du retour des dunes dimanche dernier, où nos tentes faisaient la cabriole.
Ah ! Je viens enfin de photographier un calao d’assez près. Cette oiseau est d’une telle rapidité qu’il m’est difficile de le capturer avec l’objectif. J’ai à nouveau photographier l’oiseau bleu nuit qui est venu me faire un long discours et que j’ai écouté patiemment, mais je n’ai rien compris, alors il est reparti.
C’est amusant comme la vie en collectivité commence toujours bien, et qu’au bout de deux semaines on commence à sentir des petites tensions. Les caractères se dévoilent, les mesquins prennent de la hardiesse et essaient l’enrôlement, je me croierais dans un remake de "Koh-Lanta. Enfin ! moi j’évolue tranquillement au milieu de tout ça, sans adhérer d’aucune façon aux prises de positions diverses selon mon habitude, je me tiens dans mon rôle de "médiatrice" éventuellement.
Bien sûr, il n’y a rien de très sérieux, que des petites manisfestations caractérielles dues aux différences qui existent chez chacun de nous et ça ne dure jamais très longtemps, mais ça tourne toujours autour de 2 ou 3 personnes (dont ma négative people) mais les choses reprennent leur place naturellement. Bien que nous ayons un calendrier des tâches, nous pratiquons toujours l’entraide, tout le monde aide tout le monde. Ce soir, ce sera champagne en l’honneur de Christine. Les lions ne sont pas que dans la nature.
Samedi 17.08.02-Jour 13
Lever 5 H1/2, départ vers le camp de Moremi 3° Pont, porte Sud, à 7 heures.
Là, c’est sérieux, nous n’emportons que le minimum syndical pour deux nuits car nous allons dormir avec les fauves. J’espère ne pas servir de repas à l’un de ces prédateurs.
Nous changeons de véhicule car nous entrons dans la réserve. Notre nouveau truck est dépourvu de fenêtre, c’est un genre de bétaillère à humains…. mais il n’est pas assez grand pour la 20ène de personnes que nous sommes, il y aura donc deux équipes, formées naturellement par les italiens d’un côté, les français de l’autre. Je serais vonlontiers restée avec les italiens, mais bon ! et le véhicule auquel est attachée la remorque où sont stockés le matériel de camping, les duvets et les victuailles.
Notre truck est resté au camp avec nos valises, j’espère ne pas repartir à poil. Le remplaçant de Vanessa, Jamie est arrivé, il nous donne toutes les consignes de sécurité à respecter :
. Interdiction de s’éloigner du camp seul, même dans la journée,
. Ne pas sortir la nuit même pour aller aux toilettes ou autres, seuls,
. Pour toute expédition rester grouper jusqu’au coucher, munis de nos torches.
etc….. etc….
En effet, l’an passé, un gosse qui était resté seul dans sa tente a voulu regarder le feu du campement où étaient ses parents, la porte de sa tente entrouverte, il s’est endormi et s’est fait attrapé par une hyène.
Il faut préciser que nous sommes installés près de la lrivière, donc sur le passage des animaux qui viennent s’abreuver.
En ce qui me concerne, pour les urgences de la nuit, j’ai découpé le haut d’une bouteille plastique, ai retourné le col pour servir d’entonnoir, ça me servira de W.C. de fortune (en espérant qu’il n’y ait pas d’autres urgences à satisfaire, bien entendu).
Jamie est un gars plutôt sympa, il a une grande connaissance de la faune, tant reptile que féline et des oiseaux et il m’est d’un grand secours pour compléter mes connaissances. Au départ il n’avait pas fait trop bonne impression à Muriel, mais elle est revenue honnêtement sur ses positions.
Nous traversons une réserve de chasse où nous croisons un petit cheptel de zèbres, éléphants, gnous, girafes, antilopes diverses (car il y a de nombreuses espèces) phacochères ; il y a également des oiseaux superbes, mais dès que nous les approchons, ils s’envolent et je n’ai pas pu tous les photographier, mais j’en aurai quelques uns. Notre camp n’étant pas encore libre pour être mis à notre disposition, nous faisons un tour dans la savane, où, oh miracle, nous avons pu photographier un lion et ses femelles, repus, qui faisaient une sieste carabinée à l’ombre des buissons.
Il faut préciser que les lions n’aiment pas la chaleur, ils ne chassent donc qu’à la tombée de la nuit et la journée ils se reposent, donc nous avons toutes les chances de les trouver le ventre plein à cette heure-ci, le gibier ne manquant absolument pas sur ce territoire.
Nous revenons au camp où nous nous installons au bord de la riviève KHWAY, oui, même prononciation, mais pas même orthographe que celle du VietNam, et le pont est juste à côté En fait, je crois que c’est un bras de l’Okavango. Le spectacle est à couper le soufle, mes craintes se sont légèrement estompées, mais je reste sur mes gardes, moi qui aime les poussées d’adrénaline, je suis servie !
Nous sommes entourés de singes (les Vervet Monkey) un genre de petits ouistitis, eux aussi des voleurs patentés. Muriel s’est fait piquer sa banane à son nez et à sa barbe, il fallait voir le tableau, elle était furieuse ! Aussi, elle me traitait de "parano" parce que je gardais toujours mon casse-croûte dans les mains, elle a vite compris pourquoi.
Je suis seule au camp pour cinq minutes environ ; ils sont tous partis faire un tour près de la rivière car il y a des traces de félins. Moi je noircis les feuilles de mon carnet régulièrement pour ne pas perdre un instant de ce voyage et le graver dans mon souvenir.
Dimanche 18.08.02-Jour 14
Hier au soir nous avons fait un grand feu de camp, et bien entendu nous étions tous groupés pour manger car c’était notre première nuit au milieu des fauves. La rivière est un peu plus bas, à 20 mètres environ et il y a des arbres immenses et des buissons qui nous séparent.
Les tentes sont toutes groupées, comme dans une cité HLM, sauf une, un peu plus isolée car il n’y avait plus de place pour l’installer près des autres, donc, elle est à une 10ène de mètres des autres, entre un buisson et une termitière d’environ 1.50 M de hauteur (taille moyenne, il y en a des plus hautes) d’où est sorti un magnifique cobra cet après-midi, et cette tente bien évidemment, c’est la nôtre, à Muriel et à moi !
Une petite partie du groupe s’en et allée dormir et nous (les italiens, Heike, Muriel et moi) nous restons un peu plus pour profiter de l’ambiance. Le feu commence à s’amenuiser, je commence à explorer les alentours car la lune brille tellement que l’on peut voir, tout en nuance, les abords du camp.
Soudain, je vois une ombre bouger, comme un gros chien, j’éclaire avec ma torche (longue portée) et je vois une hyène qui s’en va boire. Elle a eu peur car elle était seule et s’et sauvée derrière les buissons. Ce fut assez rapide, aussi n’avons-nous été que 4 ou 5 personnes à la voir. J’ai été impressionnée.
A peine un quart d’heure après, nous avons commencé à entendre les lions qui rugissaient d’un côté, les hyènes qui hurlaient de l’autre, et tout ça, juste derrière notre camp, à environ 50 mètres de là. Honnêtement, j’ai pétoché ! comme disait un cousin à moi "une aiguille, même avec un marteau, n’y serait pas entrée". ça a duré un petit moment, j’avais l’impression de me retrécir.
Nous avons tous pris nos torche pour l’opération collective "pipi" car nous sommes allés tous ensemble, en nous attendant les uns et les autres, et de même pour le coucher, Vanessa et Stephen sont allés au truck.
Une fois à l’labri sous notre tente, avec Muriel nous avons abordé la toilette "lingettes", à poil dans la tente, commentaires sur l’appétit des bestioles, à la clé, avec en fonds le rugissement des lions qui continuait derrière. Il nous a pris un fou-rire pas possible (mais très certainement nerveux). Ensuite, extinction des lampes. J’ai tendu l’oreille pendant au moins 1 à 2 minutes, puis le sommeil a gagné, comme d’hab.
Au milieu de la nuit, nous avons eu un visiteur (ou une visiteuse) tout près. Probablement une hyène, qui a tenté la conversation puis a abandonné faute de partenaire. En fait, j’ai eu moins peur que je ne le craignais. Je dois préciser que samedi après-midi, quand nous sommes allés sur leur territoire, nous avons vu les lionnes qui faisaient leur sieste après un bon repas ; le garde manger autour d’elles était suffisamment garni pour ne pas s’intéresser à nous. La nuit ce fut le rût, le lion n’est jamais fatigué pour ça, ensuite la chasse au petit matin, la sieste, et ainsi de suite….
Au cours de la game drive, nous avons longé l’Okavango où nous avons pu voir divers échassiers, quelques hippopotames, des troupeaux de lechwe (ou waterbuck) ces antilopes qui ont une marque blanche à l’arrière train comme si elles s’étaient assises sur des WC fraîchement repeints. Il y avait aussi des marabouts (marabout stock, dont on reconnaît la femme à cause de ses yeux dont le tour est jaune). La plus rapide de antilopes africaine (la plus rare également, appelée "tssessebbe" et une sorte d’aigle "giant eagle owl".
Nous avons également vu un spectacle absolument inouï ; un petit échassier noir et blanc dont le nid est dans les herbes marécageuses qui a réussi à chasser un aigle pêcheur qui s’approchait de l’endroit sacré (trois fois gros comme lui), le petit frondeur a gagné, l’aigle s’et enfui.
Les hippopotames sont difficiles à voir car ils nous entendent arriver. On aperçoit deux yeux ronds, puis c’est l’immersion. Pour l’instant, les crocodiles sont peu nombreux (enfin, ceux qu’on peut voir). On dirait des arbres morts avec de la mousse dessus. Ils peuvent rester immobiles pendant des heures.
Par contre, comme je le disais plus haut, il y a beaucoup d’antilopes, des impalas, des zèbres.
Nous avons rencontré peu de girages, car en fait, elles migrent vers le Kalahari central. A propos des girafes, elles sont friandes d’une variété d’acacia, je crois que c’est l"umbrella thorn" mais je ne suis pas sûre, cet arbre dégage un goût et une odeur acide à l’approche de la girafe et la fait transporter par le vent pour alerter ses congénères, mais la girafe essaye de contourner le vent pour empêcher le message. La nature est franchement géniale ! Arbres, auriez-vous donc une âme ?
Il y a des quantités d’oiseaux, d’une beauté surprenante, je sais, je l’ai déjà dit, mais je suis vraiment émerveillée ; j’aimerais avoir plus de temps pour eux, pour les observer, les photographier, mais la prudence m’interdit de m’aventurer seule dans ces espaces dangereux.
Cet après-midi, nous retournons à la chasse photographique aux lions car ces charmantes petites betes se déplacent, leur territoire est immense. Aujourd’hui, comme hier, nous aurons de la chance, car au bout d’une demi-heure de déplacement, nous apercevons une girafe, seule, l’air inquiet, mais qui nous ignore, contrairement à son habitude et regarde fixement vers un point opposé. Nous approchons lentement, moteur en sourdine, et là, ébahis, nous apercevons un groupe composé de 12 lions (femelles en majorité avec quelques jeunes mâles qui n’ont pas encore quitté le groupe) c’est superbe !
Nous nous approchons à environ 15 mètres d’eux (c’est vraiment tout près) et arrêtons le moteur. Là, nous passons environ une demi-heure à l’observation, avec prises de photos. Je manipule mon appareil avec des gestes de sioux, je reste sur mes gardes et ne fais aucun mouvement brusque car on est vite transformé en proie. Je craignais un peu l’inconscience de mes co-voyageurs qui brandissaient tant un bras, tant pointaient un doigt sans aucune prudence, et franchement, là, je dois dire que je n’en menais pas large. Brave certes, mais pas téméraire.
Nous sommes ensuite rentrés au camp lentement, tout en longeant l’Okavango, nous nous sommes arrêtés près d’un observatoire de chasseurs d’où nous avions une vue aériene sur une belle partie du territoire, et, principalement de la rivière. Nous avons de nouveau observé les hippopotames, mais ils sont restés fidèles à eux-mêmes, immersion au moindre bruit.
Notre guide pour cette game drive est un jeune homme du Botswana âgé de 31 ans (il en fait bien 10 de moins, on dirait un gamin) très ouvert et très sociable, il a l’air d’être instruit en dehors de ses connaissances du territoire et de son environnement végétal et animal ; nous avons longuement discuté avec lui Muriel et moi, mais principalement Muriel pour les questions élaborées, elle a une maîtrise de la langue anglaise supérieure à la mienne, moi j’ouvre les oreilles.
En fait, le Botswana, tout comme la Namibie, essaye de faire sortir son pays de l’impasse, suite à la colonisation passée, avec grande difficulté, car les coutumes restent bien ancrées et il n’est pas évident de faire cohabiter la civilisation avec les usages tribaux, sans sacrifice.
Il me paraîtrait dommage malgré tout, de voir ces pays donnés en pâture aux touristes que nous sommes, aussi j’espère qu’ils arriveront à conserver le tout, tout en respectant l’homme qui faisait partie de l’habitat avec l’animal, ce qui ne semble pas être le cas lors de l’agrandissement des parcs animaliers et des espaces touristiques au détriment des "natifs".
C’est mon sentiment, pas un engagement politique !
Quand nous traversions le villages, on nous prévenait que les gens n’aimaient pas être photographiés par les touristes, ce qui est compréhensible, ils vivent une vie différente de la nôtre certes, mais cela ne nous donne pas de droit sur eux, on les dérange, c’est certain.